Les Temps Historiques
Qui a inventé la roue et à partir de quoi ?
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Certains historiens situent l’invention de la roue en Pologne grâce au Pot de Bronocice, à la fois première céramique et premier dessin de chariot, daté au carbone 14 à -3500. | |
La plus ancienne roue datée de -3100 a été retrouvée dans un marais près de Lubjiana, photo ci-contre. Les plus anciens chariots retrouvés proviennent de la culture Cucuteni-Tripolye (Ukraine, Roumanie) (-3000). Mais la détermination de l’étiquette « premier » est largement faussé par les aléas des conditions de conservation (acidité du sol, facilité du pillage) qui jouent un rôle aussi important que la créativité ! |
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L’étandard d’Ur représente des chariots et la Roue de Sumer en -2600. | |
La roue et le chariot évoluent vers -2000 notamment dans la culture Andronovo, mais aussi en Inde, en Chine et en Norvège lorsque apparaissent les rayons séparés, la métallurgie du bronze pour les paliers et le cheval pour la propulsion. | |
Les chars jouent alors un rôle de première importance dans les guerres, par exemple la bataille de Quadesh en -1271 opposa les 5500 chars de Ramsés II et de la coalition hittite. | |
En Asie, des chars de la dynastie Yin (-1600 à -1046) ont été retrouvés, caractérisés par des grandes roues avec de nombreux rayons et doté d’un carrossage prononcé. La découverte de la fonderie d’acier en -500 a permis la réalisation de roulement plus performant. |
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La jante monobloc en acier et l’essieu fixe apparaissent vers -1000 dans la civilisation celtique de Hallstatt, premier age du fer. Vers -500, les Gaulois et les autres Celtes ont la coutume (par exemple 150 tombes en Champagne) d’enterrer leurs chefs sur leurs chars de guerre, le plus souvent à 2 roues, parfois à 4 roues avec direction et suspension comme à la Tombe de Vix, qui renferme les restes d’une reine-prêtresse portant un diadème en or pur. Le mot français char et les mots anglais car, cart et chariot viennent via le latin carrum, du gaulois karros. L’historien latin Tacite dans les Annales XIV, 35 de 110 ap JC et Jules César dans La guerre des Gaules décrivent le char celte avec suspension, plus confortable. Vous pouvez reconstituer le chariot de Wetwang (Yorkshire) grâce à la BBC. |
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Les Romains ont intégré cette invention et l’ont massivement diffusé à partir du 1er siècle dans tout l’empire, du char de Dejbjerg en Norvège conservé par les tourbières, à ceux d’Hispanie, de Thrace et de Pannonie. Ci-contre, la reconstitution par Roering du char romain à 4 roues, qui comporte bien (contrairement à l’avis opposé qui a longtemps prévalu) direction, suspension et frein. La suspension est réalisée sur chaque essieu par l’extension d’une double boucle transversale de lanières de cuir passant sous la caisse et suspendue à des passants en bronze à formes artistiques localisés en extension supérieure des essieux. Le char suspendu de l’empereur Claude (41-54) lui permettait de jouer aux dames, celui de l’empereur Adrien (117-138) de jouer aux dés ! Suétone parle de Néron (37-68) : Jamais, dit-on, il ne voyageait avec moins de mille voitures ! On comprend d’où viennent les mots : Suspension, suspension, sospenzione, suspensión, RadAufängung. Les romains se préoccupent également des routes, la Via Egnatia. La suspension et la direction seront oubliées pendant le Moyen Age. |
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La ligne droite est le plus court chemin d’un point à un autre. Pour ne pas se perdre dans le grand Empire chinois avant l’invention de la boussole magnétique, le chariot pointant toujours le sud a été construit en 237 par l’ingénieur mécanicien Ma Jun pour le roi Ming de Wei (aussi appelé Yuanzhong et Cao Rui). Le wiki anglais est beaucoup plus complet. Ce chariot comporte un dispositif complet avec pignons différentiels et renvois d’angles, qui transforme la différence de vitesses de rotation des roues droite et gauche lors d’un virage, en vitesse de rotation de l’angle de lacet de la tourelle, ce qui permet à la statue de l’Empereur de toujours pointer le doigt vers une direction constante, le Sud ! Ma Jun a effectué ce travail pour arbitrer la controverse sur la réalité des légendes d’un tel chariot, datées de -1115 et -2634 ans. Ce dispositif a donc été au moins rêvé à ces deux dates ! Au passage Ma Jun a défini magistralement la démarche du démonstrateur par cette phrase : « Des arguments vides avec des mots ne peuvent en aucune manière se comparer avec un essai réel qui va montrer des résultats pratiques ». Cette invention sera à nouveau oubliée et reconstituée au moins deux fois, aux 6ème et 11ème siècles. Parfois l’histoire technique bégaie. La querelle sur la paternité du différentiel au 17ème siècle apparait ainsi bien dérisoire. |
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En occident, les mécanismes se développent en Grèce, par exemple le mécanisme d’Antikythera (daté -100) est une horloge astronomique fournissant les positions du soleil et de la lune. Il comporte 37 engrenages en bronze dont un système différentiel permettant de soustraire la vitesse angulaire de la lune de celle du soleil et donc de prévoir les éclipses. Basé sur les travaux d’Archimède, ce niveau de science et de technologie est restée inégalé jusqu’à la Renaissance. |
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Il n’y a pas d’invention sans technologie ; un des composants-clés de tous les mécanismes, le roulement à billes a permis de réduire les efforts passifs, de dépasser la charge et la vitesse d’un homme marchant et donc « d’améliorer la nature ». Le roulement à billes fut inventés par les Celtes : des rouleaux en bois dur entre l’essieu et le moyeu des roues de leurs chars. |
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On a retrouvé en 1928 au fond du Lac Nemi près de Rome, en le vidant, deux bateaux énormes appartenant à l’empereur Caligula (-40), alors qu’ils ne sont cités par aucun écrit ! Regardez sur la photo de la découverte la taille des hommes : les bateaux mesurent plus de 70m ! Ils comportaient des roulements fabriqués avec des pièces en bois, bronze et cuivre. Bien supérieur aux 30 m des drakkars et aux 25m de la Santa Maria, il faudra attendre la grande flotte de l’Amiral Zheng He (1405) pour dépasser cette taille. |
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Le Moyen-Age est une période moins féconde dans l’Europe chrétienne, mais la transmission des connaissances des sciences et techniques gréco-romaines et l’activité créatrice sont effectuées par Al-Andalus. |